L’artiste

Plaisir de cristal

Portrait de François Giacobino

Né à Genève (Suisse), François Giacobino vit et travaille à St-Sulpice VD (près de Lausanne). De profession ingénieur, François Giacobino donne libre cours à sa sensibilité créatrice en démarrant, dès 1986, sa propre société de publicité par diaporamas. Puis, touché par la passion du verre en rencontrant Yan Zoritchak, il entreprend, en 2000, sa formation en France : dans un premier temps en Lorraine, berceau des grands verriers comme Antonin Daum, Emile Gallé, René Lalique, et des cristalleries mythiques comme Baccarat, Hartzviller, St-Louis et Daum. Ensuite, dans le Nord de la France, à l’Atelier du Verre de Sars-Poteries avec un des grands maîtres verrier contemporains, Antoine Leperlier.

C’est dans la rigueur de sa formation d’ingénieur que François Giacobino trouve la source de son inspiration, mais c’est au plus profond de sa sensibilité qu’il puise le goût des tendres volutes qui transparaissent au gré de la lumière. Ses œuvres uniques et fortes, aux formes pures et aux couleurs chatoyantes, se réveillent au contact des rayons du soleil, laissant apparaître ondulations sensuelles et bulles mutines.

En se familiarisant avec les mystères du cristal massif, ses exigences de cuisson et de très lents refroidissements, il retrouve d’instinct son goût du travail manuel et du dessin artistique, enfouis dans l’enfance.

Coulée dans des moules de ciment réfractaire de formes très sobres, la pâte de verre de diverses couleurs est animée de touches d’émail qui vont susciter des voiles, des nuées et des ondes de turbulences d’un effet poétique. Après démoulage, le cristal très soigneusement poli conserve des espaces bruts qui donnent leur caractère vivant et unique aux pièces.

« Sans se départir de la sobriété, l’artiste joue de l’originalité en ajourant le cristal de longs couloirs satinés, en laissant couler une pâte ambrée sur des blocs de granit ou de marbre, au prix d’un moulage préalable minutieux de la pierre, ou en affinant une arête en dentelles ondoyantes.

Le bleu profond nimbé d’écume de la Brise Océane, les feuilles vertes voltigeant de L’Aubade, la gorge profonde d’un Coup de Foudre bleu lapis ou les diaprures bleu et orange du Couple offrent une multitude de visions féeriques selon l’angle de vue.

Un plaisir qui est d’abord celui du verrier créant, en alliance avec le feu, la magie toujours renouvelée du cristal. »

Mireille Callu
Critique d’Art